Saviez-vous que
Un enjeu social
Les agressions à caractère sexuel, c’est un problème social…
…parce qu’elles entraînent des conséquences qui touchent non seulement la vie privée des victimes, mais aussi celle de leur entourage.
Il est faux de croire que seules les victimes vivent des conséquences de leur agression subie. En réalité, les proches peuvent vivre des conséquences, eux aussi. Le sentiment d’impuissance, d’incompréhension, de culpabilité, de honte et d’échec dans le rôle de protecteur sont, parmi plusieurs autres, des conséquences que les proches nomment vivre lors des rencontres.
Les proches ne sont pas les seuls qui peuvent être touchés par cet événement. Plusieurs victimes perdent leur travail parce qu’elles n’y sont plus efficaces en raison, par exemple, des flash-backs, des troubles du sommeil, de l’hypervigilance, etc. Plusieurs partent en congé maladie, ayant un impact sur leur milieu de travail.
La vie sociale de ces femmes est aussi touchée, puisque plusieurs d’entre elles s’isolent après une agression. Elles ne participent plus aux activités sociales avec leur entourage, mais aussi avec la communauté. Certaines ne peuvent plus accomplir les tâches quotidiennes, comme faire l’épicerie, le ménage, aller à la boîte aux lettres, etc., parce qu’elles ont peur de croiser leur agresseur ou parce qu’elles ont peur de sortir de chez elles. Aussi, plusieurs auront peur d’aller dans des endroits où il y a foule, de peur de ne pas pouvoir se sauver rapidement en cas de besoin.
Au niveau économique, plusieurs vivront des hospitalisations et prendront de la médication pour contrôler les effets des conséquences de l’agression sur leur corps et leur quotidien. Plusieurs visites chez le médecin et autres professionnels seront nécessaires au retour à une « vie normale ». Tout cela engendre des frais, non seulement pour la victime, mais aussi pour la société.
…parce qu’elles maintiennent l’ensemble des femmes de notre société dans la peur de se faire agresser.
On dit aux femmes de se protéger, que la menace est toujours près. Plusieurs ont peur de marcher seules le soir, puisqu’elles se font dire que c’est dangereux. Ou encore, d’autres se font dire de s’acheter des objets pour se protéger ou de toujours vérifier leur verre d’alcool, puisqu’elles pourraient se faire agresser.
Or, ces propos entraînent des conséquences qui ne sont pas négligeables. Les femmes intègrent ces avertissements et, souvent, les écoutent par peur que la situation leur arrive. Donc, cela les brime dans leur liberté.
…parce que les agressions à caractère sexuel s’inscrivent dans la problématique plus large de la violence faite aux femmes.
En effet, nous avons souvent tendance à séparer la violence conjugale et/ou familiale de la violence sexuelle. Or, beaucoup de femmes qui vivent de la violence conjugale ou familiale vivront aussi de la violence sexuelle. En effet, 1 femme sur 9 qui est en couple vivra une agression sexuelle au courant de cette dite relation. Ces statistiques ne sont pas négligeables. Rappelons que, comme la violence conjugale, les violences sexuelles n’ont pas pour but une satisfaction quelconque pour l’agresseur, mais une prise de pouvoir sur la victime.
Au niveau sociétal, la violence s’inscrit sur plusieurs niveaux. Dans les médias, la culture du viol montre qu’il est acceptable de violer une femme et que celle-ci peut même en retirer du plaisir. La pornographie est souvent violente et le scénario de la femme soumise est mis de l’avant. On ne demande pas de consentement à la femme, laissant croire qu’elle accepte tout ce qu’on lui demandera de faire. Rappelons que ceci n’est pas la réalité. Les publicités qui prônent la sexualité pour vendre un produit, les jeux vidéos où on voit des femmes se faire maltraiter, violer, battre, etc. Cela pousse les femmes à descendre leurs limites en ce qui concerne l’acceptation de la violence subie, donc d’en subir plus.
…parce que c’est une problématique qui découle directement des rapports inégaux entre les sexes perpétués dans notre société à travers l’histoire.
Depuis toujours, l’homme est désigné comme fort et brave, alors que la femme est faible et peureuse. Dans notre société, nous entretenons l’idée que l’homme doit protéger la femme, qu’il en est de son rôle. On rappelle aux femmes et aux filles de se protéger, de ne jamais se mettre en situation de danger, alors qu’on encourage les hommes et les garçons à foncer, relever des défis et à affronter la vie pour obtenir ce qu’ils souhaitent.
La femme est perçue comme fragile, incapable de se défendre et nécessitant un homme pour s’occuper d’elle. Malheureusement, ce sont encore des valeurs que nous perpétuons à nos enfants et qui ont un impact sur la manière de percevoir le danger lorsqu’ils grandissent.
Nous élevons nos enfants ainsi, puisque nous avons intégré ces valeurs de nos parents. Pourtant, c’est ce qui continue à perpétuer la domination masculine sur les femmes.
Rappelons que c’est seulement depuis 1930 que les femmes ont le statut de « personne » et qu’elles ont les droits reconnus comme tels (Gouvernement du Canada, 2017). Plusieurs femmes ont revendiqué leurs droits à travers l’histoire, ce qui a permis aux femmes de devenir plus indépendantes. Auparavant, la femme était complètement dépendante de son mari et devait satisfaire son rôle conjugal, allant même jusqu’à l’obligation de satisfaire sexuellement son conjoint (ce qui, en fait, constitue une agression sexuelle). Heureusement, le devoir conjugal au niveau sexuel n’est plus dans le Code criminel et constitue même une agression sexuelle si l’un des conjoints n’est pas en accord avec la relation.
…parce que le phénomène est maintenu en place par de fausses croyances véhiculées dans la population qui cherchent à culpabiliser les victimes et à déresponsabiliser les agresseurs.
Les croyances disant que ce que l’on porte, la manière dont on agit, ce que l’on dit ou ce que l’on fait pourrait provoquer une agression à caractère sexuel est complètement fausse.
En réalité, il est beaucoup plus facile pour la société de dire que la victime n’a pas vraiment vécu l’agression sexuelle ou qu’elle l’a cherchée, que d’accepter qu’une personne de notre entourage ait pu commettre un tel geste. Pourtant, ces réactions et les paroles culpabilisantes ont un énorme impact sur la victime, notamment en ce qui concerne d’entretenir sa honte et sa culpabilité face à l’événement.
Or, il n’est JAMAIS de la faute de la victime lorsqu’une agression sexuelle est commise. C’est TOUJOURS la faute de l’agresseur.
Voici un petit jeu-questionnaire de mythes et réalités auquel vous pouvez participer et qui vous aidera à démystifier les fausses croyances.
Mythes et préjugés
Voici quelques phrases ou façons de penser souvent entendues ou véhiculées. C’est le moment de mettre les choses au clair!
Les femmes qui sont agressées sexuellement « l’ont bien cherché » par la façon dont elles s’habillent ou se comportent. Le viol n’arrive qu’aux femmes provocantes et faciles.
EN FAIT Aucune femme ne « cherche » à être agressée sexuellement ni ne le mérite. Quels que soient les vêtements qu’elle porte, l’endroit où elle va, sa réputation, son milieu d’origine et quelle que soit la personne avec qui elle parle, quand elle dit « non », c’est « non ». De plus, toutes les femmes peuvent être agressées sexuellement, quel que soit leur âge, leur type physique ou leur façon de s’habiller. Elles ont le droit d’inviter un homme chez elles, sans que les hommes ne se donnent le droit de les agresser. Les hommes et les femmes ont le goût de plaire et c’est normal. Cela ne veut pas dire pour autant que les femmes désirent se faire agresser.
La plupart du temps, les femmes portent des plaintes non fondées, fausses, injustifiées ou motivées par la vengeance.
EN FAIT Les femmes font rarement de faux rapports au sujet de l’agression sexuelle. Ce qui est vrai, c’est que l’agression sexuelle est un crime extrêmement sous-déclaré. D’après Statistique Canada, seulement 5% de toutes les agressions sexuelles sont rapportés à la police.
Faire comme si de rien n’était permet de faire cesser le harcèlement sexuel.
EN FAIT Le fait de ne pas réagir aggrave la situation, car l’agresseur comprendra que la femme approuve, qu’elle hésite ou qu’elle a peur de refuser. Il est important d’exprimer clairement son non-consentement. L’agresseur ne s’attend pas à ce que la victime résiste.
Les agressions sexuelles sont le plus souvent commises par des inconnus.
EN FAIT Les femmes et les enfants sont exposés à un risque élevé d’agression sexuelle par des hommes qu’ils connaissent. Selon les études (Institut national de santé publique du Québec, 2022) plus de 8 victimes sur 10 connaissent leur agresseur-e. Ces agressions sexuelles sont des crimes au même titre que celles qui sont commises par des inconnus.
Les hommes qui agressent sexuellement les femmes ont soit des troubles de santé mentale, soit des pulsions sexuelles irrépressibles ou sont en état de manque sexuel.
EN FAIT Les recherches sur le profil des auteurs de viol indiquent qu’ils semblent « ordinaires » et « normaux » et qu’ils agressent sexuellement les femmes pour affirmer leur emprise et leur pouvoir sur elles. 97% des agresseurs sont considérés comme normaux. Les hommes capables d’agression sexuelle sont de tous les âges et viennent de tous les groupes économiques, ethniques, raciaux et sociaux, ayant des rapports sexuels fréquents. Toute personne est capable de contrôler ses actes et devrait avoir des activités sexuelles sans violence ni contrainte.
Les femmes en couple ne peuvent pas vivre d’agression à caractère sexuel de leur partenaire.
EN FAIT 1 femme sur 9 vivra une agression à caractère sexuel au sein de son couple. Il est faux de croire que, vu que c’est notre partenaire, le consentement est « déjà acquis ». Le consentement doit TOUJOURS être vérifié, même si vous êtes en couple depuis des années.